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Les découvertes du chamois
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22 mars 2005

Lettre du 20 janvier 1915, depuis Saint-Laurent-sur-Gorre.

Aujourd’hui, les deux paragraphes concernant l’emplacement des livres et des clés a du remplir de tristesse et de nostalgie Armand.

11 h. ½. Je viens de recevoir trois lettres. 1°/ une de Père, datée du 18, m’annonçant l’envoi des 50 francs d’étrennes du bureau. 2°/ une de Mère comprenant deux missives, l’une du 18 et l’autre du 19 avec les 10 francs de M. Lézier. 3°/ une lettre de Louis qui continue à bien se porter. Que Mère ne s’inquiète pas du temps à mon sujet. Qu’il pleuve ( c’est presque journalier ), qu’il vente, qu’il neige, qu’il fasse n’importe quel temps, je suis bien, très bien même. J’ai tout ce qu’il me faut pour me garantir contre les intempéries du temps.

Mère me demande où sont les livres de Jean de Berny. Ils se trouvent dans l’armoire de ma chambre près de la fenêtre ( les deux livres de philosophie et un livre d’apologétique ). Quant au livre de chimie, il doit se trouver dans la bibliothèque de Paul. C’est, je crois, à la troisième planche à droite. Marie-Louise le trouvera aisément ( dans la bibliothèque à rideaux ). Pour ouvrir mon bureau, il y a deux clefs. La plus fine est celle du tiroir du haut, l’autre plus grosse est celle des deux autres tiroirs.

Je remercie Mère de l’envoi des adresses et des 10 francs de M. Lézier. Je désirerai l’adresse exacte de M. Ludovic ( à Saint-Omer ) et de M. Lézier ( en attendant je lui écrirai à son atelier ). J’ai remercié pour Mère la dame qui me fait tant de bien. Mais elle ne tient pas à être remerciée. Elle se contente de dire qu’il vaut mieux faire du bien que du mal, et qu’elle est heureuse quand elle fait le bien. Et elle continue à me soigner. Elle lave, fait sécher, repasse et arrange tout mon linge gratis prodes, malgré mes insistances pour payer. Paul et Benoît sont donc partis pour le feu. C’est donc une augmentation d’inquiétude, de crainte, d’angoisse de la part de la famille. Cependant que tous ne craignent pas un évènement malheureux. Ayons foi et confiance et la Sainte-Vierge les ramènera eux aussi. Que les petits prient plus que les autres car dieu exauce plus facilement les enfants. Je terminerai cet après-midi les épreuves du brevet militaire. Ce matin, j’ai été questionné par le capitaine lui-même sur l’hygiène militaire. ( Ma question fut celle-ci : parlez moi des maladies contagieuses et les moyens que tout caporal doit employer contre ces maladies, lorsqu’elles se rencontrent dans son escouade ?... C’était facile et j’ai su. ) Il me reste à passer la topographie ou lecture de la carte, ce que je n’ai jamais fait. Cependant tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir. Il ne faut pas s’étonner du peu de réussite que je puis avoir dans les examens ici, car chez les chasseurs on se montre très dur et sont rares ceux qui réussissent. Le plus grand nombre ne passe caporal qu’au bout de trois mois. Une partie même des élèves caporaux partent au feu avec les autres soldats comme simples soldats et ne passent caporaux [que] sur le champ de bataille d’après leurs mérites. Mais ça ne fait rien. Je me présente à tous les examens possibles de me faire avancer.

Ne craignez pas que je dépense follement mon argent. Je ne suis pas dépensier malgré l’exemple de soldats qui boivent tout leur avoir. Je me soigne raisonnablement et c’est tout. J’ai toutes mes aises sans grandes dépenses. J’ai encore 145 francs.

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