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Les découvertes du chamois
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25 mars 2005

Lettre du 6 février 1915, depuis Saint-Laurent-sur-Gorre.

Armand décrit la vie de jeune chasseur à l’instruction. Il rassure sa mère.

Cette semaine-ci j’ai brillé par mon silence. Je n’ai écrit à personne, hors Louis et Paul à qui j’ai répondu. Et l’explication de ce silence de 8 jours inusité est bien simple. C’est l’accroissement de l’ouvrage. Depuis lundi, nous faisons un peu plus d’exercice et le réveil est avancé d’une demi-heure. Lever 6 h. ½. Rassemblement à 7 h. ½ et départ pour l’exercice jusqu’à 10 h. ½. L’après-midi exercices de 12 h. ½ à 17 h. ½. C’est donc une heure d’exercice en plus et une augmentation de fatigue. De plus, étant donné la plus grande sévérité de notre nouveau sergent nous nous donnons un peu plus de mal pour notre théorie. Enfin malgré tous mon désir, je n’ai pu trouver un moment pour vous écrire. Ce soir, samedi, pas de théorie, le temps m’est tout à loisir et est bien employé comme vous le voyez. J’ai reçu plusieurs lettres et cartes cette semaine. Aujourd’hui en particulier la lettre de Mère du 3 et la carte de re et de mon Oncle envoyée de Paris. Je n’ai pas encore reçu les paquets, ce sera probablement pour demain. Dès la réception je vous en aviserai. Que Mère ne s’inquiète pas à mon sujet. Je suis très bien et je parle très franchement. Je suis même mieux qu’à la 15e escouade car je suis véritablement avec les camarades en famille. Le matin, deux d’entre nous très dévoués font du café excellent que nous buvons dans notre lit. Le soir nous faisons du tilleul ou du chocolat, ou du vin chaud que nous buvons avant de nous mettre au lit. Dans notre escouade il n’y a pas de neurasthéniques et il ne peut y en avoir. Nous sommes tous au plus gai et les murs de notre chambre résonnent à chaque instant des voix formidables des chanteurs. Ma gaîté, ma santé ne sont pas seules à progresser et à se conserver ; il y a aussi mon instruction militaire. Au mois de mars je serai apte à faire campagne et avant mes 20 ans j’irai rejoindre mes vaillants frères sur le front et faire sentir aux Teutons ce que veulent les Boulonnais de notre trempe. Du reste on active notre instruction, depuis quelques jours particulièrement. Nous faisons beaucoup de service en campagne, de mouvements de tirailleurs, de tir. Ce matin entre autres, nous sommes partis à 7 h. au lieu de 7 h. ½ sur le champ de tir. Nous avions quatre balles à tirer en position couchée. J’ai fait quatre balles, cinq points. Je suis content de faire des progrès en cette branche, car je tiens à ce que dans 1 ou 2 mois chacun de mes coups atteigne son but efficacement...

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