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Les découvertes du chamois
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3 avril 2005

Dumont du 106e RI. aux Eparges.

Lettre du demi droit du Gallia-club J. Dumont (106e RI.) publiée le 27 mai 1915 sous le titre LES EPARGES.

Retournant au feu pour la deuxième fois, après une blessure qui m’en avait tenu éloigné pendant plus de cinq mois, c’est avec une joie très vive que je quittais mon dépôt pour me rendre aux Eparges. Les Eparges ! Cet endroit dont on avait tant parlé et qui rendait si fiers les camarades qui y étaient passés. J’étais heureux aussi de connaître cette guerre de tranchées que nous ignorions tout à fait au début des hostilités.

J’arrive le 15 février en renfort et je ne suis pas longtemps à attendre : le 16, nous montons en première ligne avec tout le régiment pour prendre part à la grande attaque qui se déclencha le 17. Cette attaque fut terrible et le souvenir en restera à jamais gravé dans ma mémoire ; je pense que, quoi qu’il arrive, je ne ressentirai jamais l’impression éprouvée pendant cette période du 17 au 22 février. Le 17, à dix heures, la danse commença par un tir de réglage d’artillerie ; à midi 30, l’attaque se déclenche : le premier fourneau de mine saute en même temps que part le premier coup de la rafale d’artillerie qui ne cessera qu’à 1 heure 30.

Ce qu’il fut tiré de coups de canon en cette heure et demie, on a peine à se l’imaginer et nos nerfs furent rudement mis à l’épreuve ; enfin à 1 h. 30, les premiers hommes montent à l’attaque, sortant des tranchées à l’aide d’échelles placées à l’avance pour cette circonstance, car il ne fallait pas songer à escalader les parapets, véritables blocs de boue. C’est sans trop de pertes que nous parvenons aux tranchées allemandes, mais hélas dans quel état !

Nous y trouvâmes pas mal de cadavres, ouvrage de nos admirables 75. Mais le plus dur n’était pas fait : i1 fallait nous maintenir sur ces positions, rendues dangereuses par le réglage de l’artillerie boche: Et c’est pendant quatre jours que nous dûmes subir le violent bombardement, lequel ne s’arrêtait que pour permettre à l’infanterie de nous attaquer en masses serrées. Malgré tous leurs efforts, les Boches ne purent, à aucun moment, nous inquiéter sérieusement. Nous maintenions, les positions que nous élargissions un mois, plus tard et, le 6 avril, par une nouvelle grande attaque, nous prenons enfin la totalité des Eparges, que nous gardons depuis, malgré les violentes contre-attaques que les Boches ne cessent d’exécuter.

Pendant ces jours difficiles, on ne dira jamais assez quel courage, quelle énergie furent déployés par les soldats et les officiers ; d’ailleurs, la citation à l’ordre du jour de l’armée du régiment auquel je suis fier d’appartenir, le 106ème est là pour en témoigner.

Je ne veux pas finir, sans adresser un souvenir. ému à mes camarades morts au champ d’honneur pendant ces glorieuses journées et, en particulier, à mon excellent ami PIET, tombé malheureusement le 25 avril, le jour même où je fus blessé poux la deuxième fois.

(Le soldat Piet Henri Auguste a été tué à l’ennemi le 26 avril 1915 aux Eparges. Il était né à Paris 1er.)

dumont_lefloch_blog

A gauche Dumont du Gallia-club et à droite Le Floch du FEC. Levallois.

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