Lettre du 2 juin 1915, depuis Saint-Laurent-sur-Gorre.

Depuis mon arrivée ici, jamais le dépôt n’a été si triste et si monotone, jamais nous avons été si peu. Ce matin est parti le détachement de 75 hommes par compagnie pour le 3^e chasseurs à pied. Ce détachement a fait un fameux trou dans chaque compagnie. Demain et après-demain partent les détachements pour le 16^e et le 56^e... Ce qui fait qu’il reste à la 11^e Cie. et à la 12^e Cie. chacune 30 hommes instruits et environ 70 hommes non instruits ( territoriaux ) qui manœuvrent à part. Il reste environ 40 hommes de la classe 15 dans les deux compagnies, y compris les élèves caporaux. Aussi les hommes instruits des deux compagnies manoeuvrent ensemble ou plutôt font semblant de manœuvrer. Telle la journée d’aujourd’hui où réellement nous n’avons rien fait. Il s’en suit qu’on s’ennuie facilement et que tous attendent avec impatience le prochain détachement pour partir... Cependant cette grande monotonie ne m’empêche pas de me porter à merveille et d’être relativement heureux. Dimanche j’irai à Limoges. Je verrai Cailliez qui a fait le coup d’être à l’hôpital, car il serait parti ce matin. Marc sera-t-il encore là dimanche ? Je ne crois pas. Il sera probablement à La Courtine. Renseignez-moi à ce sujet s’il vous plait ? Avez-vous quelques renseignements sur Benoît ? Je serai très heureux de les connaître.

Que deviennent les autres combattants ?