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Les découvertes du chamois
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18 août 2005

La roulante

A Jean Galtier-Boissière, pour lui et pour le « Crapouillot ».

Baladang boum, zim, baladangue !...

dans l’train d’combat du Bataillon

la « Roulant’ » saute, et roule, et tangue

avec ein potin d’carillons ;

par en d’ssour, ein chien tir’la langue

en r’niflant la sent’ du bouillon...

si chargée qu’a n’en est r’ssemblante

à la roulott’ d’ein baladin,

baladang zim, berlin-dindin !

V’là la « Roulante ! »

Et pis darrière, en débandade,

chaqu’ein portant son instrument,

voilà la « Cuistance » en balade,

qui trimball’ tout ein fourniment...

Cuistot... c’est pas eune embuscade

dans les journées d’déménag’ment :

i faut r’teni dans les descentes,

dans les montées pousser au cû...

ein cuistot doét terjous s’occu-

per d’ sa « Roulante ! »

Quand la machine est allumée,

y aurait, des foés, d’qué avoér peur :

L’ tuyau dégueule d’la fumée,

la marmit’ ronfl’ coume ein moteur,

l’ foyer crott’ des brais’ enflammées,

et l’ perco pisse d’la vapeur

tout l’ long du ch’min qu’il ébouillante.

Eun’ batt’rie lourd’ sûs ses affûts

fait, à coup sûr, pas pus d’ raffût

qu’eun’ seul’ « Roulante ! »

Dans n’ein pat’lin, quand a brinq’balle,

les p’tits gâs crient : a V’là-t’ein ch’min d’fer ! »,

le bestial fout l’ camp en pagale...

les boun’ femm’ pens’ : « C’est l’ Guiâbl’ d’Enfer ! »,

les Bounhoum’ qui lisent l’Journal-e

dis’nt, l’ein : « C’est ein Flammenverfer ! »,

l’aut’ : « C’est ein obusier d’ cent trente

qui tire en l’air sûs les Cothas ! »...

et les Poélus qui suiv’nt dans l’tas,

la trouv’nt... roulante !

Quand vient tout d’meim’ la fin d’ l’étape,

faut voér, autour, qué tourbillon :

Dès que l’ Cuistot lèv’ sa soupape,

chaqu’ein lui tend son « bouteillon »,

et y a pas ein bonhomm’ qui s’tape

de sa portion d’viande ou d’bouillon ;

l’ « jus n est chaud, la soupe est bouillante...

Ça vaut-î pas mieux que l’ temps où

on f’sait l’rata sûs deux cailloux ?

Viv’ la « Roulante ! »

Mais c’est surtout à la Tranchée

qu’on estim’ qu’î n’avait raison,

l’ Miniss’ qui nous l’a-t-attachée ;

et si, ein jour, l’agent d’liaison

dit : « La Roulante est amochée...

« a n’a des « scrapnels » dans l’caisson...

on réfléchit qu’ein cent cinquante

s’rait mieux placé et mieux senti

sûs la gueul’ de quéqu’s mercantis

Qu’ sûs la « Roulante ! »

Et, la nuit, sous sa toil’ de tente

coume ein bourgeoés en des vrais draps,

l’ cuistot, qui pionce enter les jantes,

rêv’ que quand la Guerr’ finira

– ça s’ra vers l’An Mil neuf cent trente –

de bourg en bourg î s’en ira

avec sa cuisine ambulante

et l’autorisation d’ l’Etat,

vendr’ de 1a soupe et du rata

sûs sa « Roulante ! »

Marc Leclerc, février 1918.

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