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Les découvertes du chamois
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30 août 2005

Jean-Michel Renaitour. - En 1917

Découvert avant-hier dimanche 28 août 2005 un recueil de poésie négligé de tous.

« La Mort du Feu », poèmes de l’année 1918 de Jean-Michel Renaitour, Pilote-aviateur. Publié par Jouve et Cie, éditeurs à Paris en 1919.

Ces poésies sont celles d’un jeune homme, pilote-aviateur qui réfléchit intensément, éprouve l’horreur de la guerre, l’horreur de tuer et la communique. Certaines poésies sont tout à fait étonnantes. En tous cas elles sont très proches de la pensée profonde de mon grand-père maternel.
Notice : Jean-Michel Renaitour, de son véritable patronyme Tournaire (Pierre, André). Interrompt ses études au lycée Henri IV pour s’engager dans l’aviation en novembre 1915. Reprend ses études après la guerre. Journaliste et écrivain sous son pseudonyme. Rejoint la SFIO. En 1924, conseiller général de l’Yonne ; en 1926 conseiller municipal puis maire d’Auxerre de 1929 à 1941, député de l’Yonne de 1928 à 1942.

En 1917

Toutes les poésies devraient être des poésies de circonstances.
Gœthe.

« C’était en mil neuf cent dix-sept, ô triste époque !
Tous les soucis guerriers troublaient l’air en effet.
Le manteau de l’Espoir n’était plus qu’une loque ;
Le Futur, par les trous, s’y montrait contrefait.

Les prêtres disaient : Dieu soumet l’Homme aux épreuves !
Et les tribuns disaient : La France a ses destins !
Les beaux gars mutilés, les jeunes femmes veuves
Ecoutaient ces discours avec des yeux éteints.

On ne prévoyait rien de la fin du carnage.
Ceux qui osaient parler de paix étaient suspects.
Je restais seul vivant de tous ceux de mon âge,
Et j’écrivais des vers où je parlais de paix.

Ah ! nous nous souviendrons de ce flot d’amertumes,
Des deuils, du mauvais pain, des journaux censurés.
Du bleu des horizons l’on tirait nos costumes,
Mais l’on tirait du sang de nos coeurs atterrés.

Tout le monde en avait assez ! Mais tout le monde

Frémissait de prévoir ce qui succéderait ;

La Révolution, comme la Guerre immonde,

A ses drapeaux et dont le rouge est moins discret.

Et puis certains encor parlaient de la Patrie

Et criaient : « Jusqu’au bout !... » Et ceux-là criaient fort.

Et cette femme qu’est la France était meurtrie

Pourtant par les trois ans d’un colossal effort !

Ah ! régiment ! canons ! képis ! choses damnées !

C’était en mil neuf cent dix-sept. O tristes temps ! »

– Ainsi débuteront d’ici quelques années

Tous nos récits rétrospectifs de combattants...

J. M. Renaitour, pilote-aviateur, 20 décembre 1917. 

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