André Perchicot, de la piste aux nuages

Article paru dans la presse sportive le 1^er avril 1915.

C’est une physionomie, qui ne dément pas les origines de sa race que celle de PERCHICOT. Il est bien le prototype du Basque avec son visage ouvert, son affable cordialité et ses muscles disposés aux efforts les plus généreux.

Qu’était-il lorsqu’il gagna le Championnat de France de vitesse, en 1912 ? Un sprinter régional d’une réputation incontestable, auquel il manquait la véritable, 1a grande consécration. Il vint la chercher dans la capitale, la seule ville qui dispense toutes les palmes et toutes les auréoles. Le championnat de France qu’il s’adjugea classa PERCHICOT parmi les grandes étoiles cyclistes.

Lorsque la guerre éclata, ce Basque, comme tous ses pareils qui ne transigent pas avec le patriotisme, fut parmi ceux qui prétendirent au grand honneur de défendre le sol natal.

Il partit donc, avec une joie que rien n’atténuait, avec un moral qu’aucune appréhension ne pouvait amoindrir, avec une énergie indomptable et que rien ne pouvait abattre.

Mais PERCHICOT, avec son esprit aventureux aspirait aux hautes besognes, à celles qui procurent des émotions profondes et permettent de rendre aux couleurs chères 1e maximum de services. Et ce fut vers 1’aviation qu’il s’orienta.

Aujourd’hui, le champion de France opère en Belgique, parmi nos hommes volants. Comme tant d’autres, i1 donne la chasse aux pirates, aux oiseaux de proie qui ne respectent rien et auxquels le charme de la bleue immensité, la proximité - métaphorique - de la déité, n’inspirent pas plus de respect de la créature inoffensive qu’aux hommes de proie qui profanent notre territoire.

De la piste aux grandes randonnées dans les nuages, il y a loin, semble-il. Au fond, beaucoup de choses rapprochent les deux envolées, celle du sprinter et celle de l’aviateur : des qualités de calme, de décision, de courage.

Et le champion de France PERCHICOT est un de ceux qui créent l’espoir, un de ceux dont la population belge, opprimés par la botte allemande, dit avec un respect, un attendrissement et une foi absolue dans la libération prochaine : « C’est un oiseau qui vient de France ! »

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